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Intervention dans le cadre du débat au sujet des auditions dans le domaine de la culture en région bruxelloise.

Dans le cadre de ce débat, l’intervention pour le groupe FDF se voudra mettre l’accent sur certains aspects de la politique culturelle en région bruxelloise. Il n’est pas dans ma volonté d’être exhaustif.

La notion de culture se décline dans un ensemble de domaines.  Essentiellement liée à une expression et donc à une langue, la culture se décline également dans l’art plastique et dans la musique.  La culture est donc un moyen d’expression pour tout un chacun.  C’est donc aussi une ouverture d’esprit et des possibilités d’apprentissage.  Dès lors, une politique culturelle doit en permanence agir pour que la culture se retrouve dans les lieux de vie de tous et que tout le monde prenne aussi le chemin des lieux où la culture se diffuse.

Les spécificités de Bruxelles sont essentiellement le fait d’être la Capitale de l’Europe et une ville francophone. Rappelons que si Bruxelles est la Capitale de l’Europe, c’est la résultance d’une combinaison d’une part du lien entre les cultures latines et les cultures germaniques, d’autre part sa situation géographie, et enfin le caractère essentiellement francophone de la ville.  Ceci est une réalité historique. La Région bruxelloise est donc dans l’obligation de valoriser la culture française.

Dans un monde qui se globalise, il m’apparait essentiel d’avoir ce souci permanent.  Effectivement, force est de constater pour de multiples raisons, dont essentiellement des raisons économiques, que nous assistons à des phénomènes de standardisation dans tous les domaines, y compris dans le domaine culturel.  C’est le modèle nord-américain anglo-saxon qui, aujourd’hui, donne les formes culturelles du standard qui tentent à s’imposer à travers le monde.

Assurer à la Capitale de l’Europe son statut de ville francophone et de ville du rayonnement de la culture française, constitue une contribution substantielle au développement de la diversité culturelle et s’oppose donc clairement à la standardisation des cultures.  Il est donc nécessaire d’avoir une attention vis-à-vis des institutions internationales et plus particulièrement des institutions européennes pour leur donner le goût et l’envie de découvrir et de s’approprier la culture française.  Tout le monde sait que l’apprentissage d’une langue et l’ouverture à une culture est d’abord une question de désir et d’envie.  Il faut donc créer ce désir et cette envie.

Notre Région doit œuvrer dans ce sens.   Ainsi, elle sera également le reflet de son statut de Capitale de l’Europe puisque la Communauté Européenne se veut être une institution démocratique qui respecte les différences culturelles au sein de sa communauté.

Dans cette perspective de Bruxelles, Capitale de l’Europe, il est évident que l’expression culturelle doit s’étendre sur le vrai territoire de la Région bruxelloise.  Il est un non sens de penser que la capitale de 502 millions d’européens se limite à 19 communes. Dans l’esprit des valeurs démocratiques portées par les  artisans de la construction de l’Europe et de la culture française, un plan culturel de la région bruxelloise doit s’étendre sur les communes de la périphérie.  Il serait inadmissible de ne pas vouloir voir la volonté identitaire et de purification culturelle que mène le gouvernement régional flamand à l’encontre des cultures européennes dans les communes périphériques aux 19 communes bruxelloises.  Etre complice par le silence et accepter cette politique du gouvernement régional flamand va totalement à l’encontre de la construction européenne.  Bruxelles, Capitale de l’Europe ne peut donc être inerte face à cette situation.

Il manque très clairement à Bruxelles une réelle symbolique qui rallierait l’ensemble des citoyens européens.  Peu de place est réservée par exemple à la culture européenne.  La construction d’un musée de l’Europe didactique et ludique, à la hauteur de l’ambition des pères fondateurs s’inscrirait par exemple dans la création d’un pôle culturel touristique et de loisirs.  Bruxelles doit être un lieu de passage obligé pour tous les européens, un lieu de rencontres du monde.

Même s’il existe un folklore bruxellois qui a toute sa saveur et sa raison d’être, il m’apparait erroné de vouloir construire une culture bruxelloise.  Autant il faut œuvrer contre la standardisation des cultures ou contre des politiques culturelles nationalistes identitaires, autant il faut éviter un localisme abscon.

Bruxelles a été choisie comme ville de cœur et du « chez soi » de populations d’origines culturelles multiples.  Il y a donc lieu de respecter aussi ces spécificités et d’en faire une richesse.  A aucun moment nous ne pouvons accepter une politique culturelle identitaire qui rejette la culture de l’autre.

Pour ce faire, le pouvoir public doit veiller à faire connaître et informer correctement l’ensemble de la population des offres culturelles des différentes communautés culturelles agissant en Région bruxelloise.  Nous soutenons une demande légitimée des milieux culturels d’établir une sorte de cartographie des propositions culturelles.  Ce travail doit être disponible au public de la manière la plus simple et la plus souple.  Avec les nouvelles technologies c’est indiscutablement à portée de main.

Un autre aspect essentiel d’un plan culturel est lié à l’accès à la culture.  Cette question doit être déclinée de plusieurs manières afin de disposer d’outils multiples en vue d’atteindre l’objectif d’un accès pour tous à la culture.

Le premier accès est de mettre la culture dans la ville, de valoriser et mettre en évidence cette culture urbaine pour attirer l’attention et la faire découvrir et comprendre.  Les indications, les explications, sont donc essentielles pour offrir déjà un accès à tous citoyens à la culture urbaine.  Une cohérence de présentation et de manière de faire est également indispensable. Un deuxième accès est la synergie que l’on peut créer entre la culture et d’autres activités. Par exemple, le secteur de l’horeca est susceptible d’accueillir, suivant les lieux, des expositions, des concerts  et l’art de la parole.  Des synergies peuvent aussi être trouvées avec les commerces en vue de valoriser tant les artistes que la beauté des lieux et entre autre des vitrines.  Ces types d’initiatives sont simples à organiser et peuvent très vite intéresser la population si celle-ci est correctement informée.  Ces deux premières pistes font aller la culture vers la population.  Il faut aussi organiser l’inverse, en l’occurrence faire venir la population dans les lieux de production et de diffusion de l’art.

Les lieux de production sont essentiellement les académies et les ateliers créatifs.  Etant donné que la culture est devenue peu présente dans l’enseignement, il y a lieu d’organiser des synergies entre les écoles et les académies.  Même si cela sort d’un débat lié à un plan culturel pour la Région, je ne peux m’empêcher de souligner l’importance de réintroduire de manière plus conséquente l’ouverture à la culture et aux arts dans la formation des futurs enseignants, en particulier les enseignants du cycle maternel et primaire (fondamental).  J’attire l’attention sur le fait que l’apprentissage de la musique chez les enfants et en particulier les petits, constitue  un des moyens pour établir des diagnostics sur d’éventuelles difficultés d’apprentissage.

Sans que ce ne soit lié au budget de la Cocof, il est important de souligner que les académies des arts ou de musique se voient être limitées à une enveloppe budgétaire qui ne leur permet plus, aujourd’hui, de répondre à la demande.  C’est regrettable ! Une concertation entre le Collège et le gouvernement de la Communauté Wallonie-Bruxelles doit avoir lieu en vue d’arriver à augmenter le nombre d’heures d’enseignement dans les académies en région bruxelloise.

Outre ces synergies entre écoles et académies, il est absolument nécessaire de veiller à des collaborations entre les centres culturels et les écoles.  A priori, un centre culturel est un lieu de diffusion de la culture.

Il faut assurer aux jeunes de retrouver l’aspect sacré du spectacle et l’aspect festif de celui-ci.  Ces jeunes doivent donc comprendre, tant le potentiel d’expression que comprend un spectacle, que la capacité de celui-ci à faire passer des messages.

Une politique culturelle en Région bruxelloise doit s’inscrire dans l’unité de la Fédération Wallonie-Bruxelles.  Les débats relatifs à la régionalisation de la culture ont fleuri dans la presse.  Les FDF continuent de considérer que la culture française constitue le ciment de base de la Fédération Wallonie-Bruxelles, raisons pour lesquelles les FDF ne peuvent pas s’inscrire dans une logique régionaliste.  Une action culturelle en région bruxelloise doit se baser et se réaliser en concertation avec les pouvoirs locaux, en l’occurrence les communes.  Ce sont elles qui ont le plus d’infrastructures et qui assurent la proximité de la culture avec la population. 

Dans cette perspective, une cartographie de l’offre pourrait faciliter une concertation et assurer une diversification des offres culturelles.  Dans le secteur de la culture, il nous apparait préférable de s’inscrire dans une logique de synergie plutôt que dans une logique de concurrence.

Enfin, un plan culturel doit aussi veiller à ce que les artistes puissent se montrer.  Il y a donc lieu d’avoir une attention particulière, entre autre pour les jeunes artistes, pour que ceux-ci aient accès aux lieux de diffusion.

Dans cette perspective, un centre culturel  peut jouer un rôle fédérateur d’expression.