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Intervention au Parlement francophone bruxellois le 2 décembre 2016, dans le cadre du débat sur le plan alcool.

Serge parlementSans doute cette assemblée considère-t-elle, à la quasi-unanimité, qu'un vrai fossé s'est creusé entre les différents niveaux de pouvoir. Les Régions font preuve d'une réelle volonté dans ce dossier, on ne retrouve pas cette volonté au niveau fédéral. Un vrai problème politique, et non politicien, se pose dès lors. Peut-être ce point fera-t-il l'unanimité.

Force est de constater qu'en matière d'alcool, nous avons au moins 20 ans de retard par rapport au débat relatif au tabagisme. Or, on se trouve confronté à des situations totalement similaires. Le lobbying actif dans ce secteur fonctionne pleinement et il rend aberrante la politique de santé publique en matière d'alcoolisme.

Il faut mettre fin à ce phénomène. Ainsi,  avec 4 milliards d'euros de charges publics à cause d'une consommation inadéquate d'alcool, sur un plan purement économique, le secteur alcoolier nous coûte de l'argent. Les lobbies travaillent pour des entreprises qui tirent un bénéfice qui a un coût pour la société. S'ajoute, bien sûr, à cette problématique économique, celle liée à la santé publique.

Nous en arrivons ainsi à un paradoxe extraordinaire, mais absolument navrant : des budgets alloués à la prévention sont, en réalité, utilisés pour lutter contre la publicité des alcooliers. Nous investissons des moyens publics dans la lutte contre des pratiques commerciales ! C'est absurde !

Mme la ministre (Cécile Jodogne), nous vous soutenons donc dans votre volonté de dénoncer ces aspects liés à la production et d'exiger un plan alcool complet, élaboré dans la cohérence par l'ensemble des pouvoirs publics. Je regrette notre complexité institutionnelle et la scission de cette compétence. Je vous encourage à rester ferme sur la nécessité d'un plan d'ensemble qui vise la consommation, mais aussi la production d'alcool, et qui réponde aux normes de l'OMS.

Je terminerai avec un souhait, une nécessité : nous devons nous-même assurer notre propre cohérence. J'invite le Collège (gouvernement) à faire ce travail, à réfléchir sur l'impact des différents soutiens des pouvoirs publics qui sont source potentiel à des consommations anormales d'alcool. Il est clair que l’objectif n'est pas l'interdiction l'alcool mais veiller à une consommation normale, qui ne crée pas de dérapages ou de victimes. Nous devons nous assurer que les pouvoirs publics n'ouvrent pas, par leurs soutiens, la voie à ces dérapages de la consommation d'alcool. Mais c'est un autre débat, auquel nous devrons revenir.