"L'image de Bruxelles donnée à l'aéroport de Bruxelles-National : une vraie faute". Extrait du débat au Parlement bruxellois du mercredi 21 octobre 2015.

Serge parlementLa parole est à M. Serge de Patoul (FDF) - député.

Comme il se doit, dans la zone d’arrivée de l’aéroport de Bruxelles National, un support propose des prospectus présentant les trois Régions belges. Pour la Région bruxelloise, il n’existe qu’un seul type de feuillet, intitulé "Welcome to Brussels" et illustré du sigle de visit.brussels ainsi que du nouveau logo de la Région. Tout y est affiché en anglais, excepté la carte du centre-ville dont les noms de rues sont indiqués dans les deux langues régionales. Le prospectus donne donc une image exclusivement internationale de Bruxelles, sans caractère propre, au service des seules missions internationales dans lesquelles l’anglais doit primer. Il est déplorable que Bruxelles soit ainsi dénaturée et c'est une erreur. Quelles sont les instructions données à visit.brussels pour promouvoir une image de la Région bruxelloise correspondant à sa réalité culturelle et sociale ? Est-il prévu, à l’aéroport de Bruxelles National, d’avoir des feuilles similaires dans la langue internationale qu’est le français pour les nombreux voyageurs francophones arrivant à l’aéroport ? Une étude a-t-elle été réalisée afin de déterminer le nombre de voyageurs arrivant à l’aéroport de Bruxelles National qui connaissent le français ?

M. Rudi Vervoort, ministre-président.

La stratégie touristique développée par visit.brussels depuis 2010 tient compte de l’évolution de la société et des changements d’habitudes touristiques et de consommation. Ainsi, elle ne porte plus sur un marketing ciblé par provenance géographique ou par tranche d’âge des touristes, mais sur un marketing "affinitaire", concept déjà expliqué au sein de cette commission. Il s’agit de promouvoir la Région autour de différentes thématiques propres à Bruxelles. Cette stratégie porte ses fruits : de 2010 à 2014, nous sommes passés de 5 millions de nuitées à 7 millions, soit une progression de 40%. Dans le même temps, les sites internet de visit.brussels ont enregistré plus de 5 millions de visiteurs uniques en 2014, soit plus du double d’il y a trois ans. Les réseaux sociaux enregistrent, quant à eux, plus de 160.000 fans, soit une progression de 200%. De manière plus spécifique, les thématiques mises en avant correspondent à la réalité culturelle et sociale et peuvent se définir sur la base des centres d’intérêts du visiteur (bande dessinée, art nouveau, art déco, art contemporain, gastronomie, patrimoine, etc.), sa situation familiale, etc. Ainsi, on ne vend pas Bruxelles dans sa globalité, mais on vend, par exemple, le Bruxelles de la bande dessinée à des fans de bande dessinée. C'est ainsi que le marketing touristique fonctionne désormais. Visit.brussels a regroupé ces thématiques autour de deux services principaux : culture et loisirs, et le tourisme professionnel (conventions et meetings). Chaque thématique est animée par un responsable au sein de visit.brussels, qui travaille avec les acteurs publics et privés qui la concernent. Pour ce qui est de l’accueil à l’aéroport, l’objectif est avant tout de recevoir les visiteurs de tous horizons. À cet égard, l’anglais est considéré comme la langue la plus accessible par le plus grand nombre. Il ne paraît ainsi pas opportun de créer une brochure dans toutes les langues. Ceci pour des raisons évidentes de budget, afin d’éviter des dépenses excessives, et pour garantir la lisibilité des outils mis à la disposition des voyageurs. En revanche, l’ensemble des documents informatifs relatifs à Bruxelles et élaborés conformément à la stratégie de marketing affinitaire existent en trois langues (français, néerlandais, anglais), voire quatre langues avec l’allemand. Tel est le cas notamment du site internet www.visit.brussels. À ce jour, nous n’avons pas jugé opportun de réaliser une étude sur les langues parlées par les voyageurs qui débarquent à l'aéroport de Bruxelles National.

La parole est à M. Serge de Patoul (FDF)-député.

Le marketing affinitaire n'est pas nécessaire quand on arrive à l'aéroport, puisque les passagers viennent de partout. Une bonne partie d'entre eux est francophone et tous n'ont pas nécessairement une bonne connaissance de l'anglais. C'est vraiment une faute de n'offrir que de simples documents recto-verso (ce n'est donc pas une question de coût) exclusivement en anglais. C'est vraiment tronquer l'image de Bruxelles et participer à ce déploiement d'une société qui croit que l'enseigne McDonald's sera partout et qu'elle sera le lieu où tout le monde ira manger. Ayons un peu de caractère et ne soyons pas insipides et transparents en nous plaçant dans la standardisation qui sert exclusivement le monde du capital !